C'est le transfert d'un marché aux bestiaux, qui se tenait le mercredi matin, place du champ de foire, au cœur de la ville de Bourg-en-Bresse. Ce transfert devenait nécessaire pour des raisons de sécurité et d'un emplacement limité, d'apports d'animaux se réduisant de cinquante-cinq mille têtes en 1979 à vingt mille en 1985.
Le marché au site de la Chambière, à Saint-Denis en limite de Viriat et Bourg, a ouvert le 2 septembre 1986, se tient le mardi, est devenu le premier de France avec des apports d'animaux de quarante départements de l'est de la France, un emplacement retenu car proche des grands axes de circulation.
" Le foirail reçoit deux mille cinq-cents bêtes le mardi, au tiers de veaux, au tiers de broutards (bovins de 6-18 mois destinés à l'engraissement en Italie, Espagne et France), au tiers de bovins viande. C'est un lieu d'échanges de prix, de concurrence. L'année 2011 a atteint un record avec cent-trente-deux mille bêtes lié à la sécheresse, et à l'export vers les pays d'Afrique du nord et la Turquie ".
La halle d'exposition a été agrandie en 2002, portée d'une surface de 6 800 à 8 600 m2, pour la présentation des animaux à ce marché, de gré à gré, entre commerçants de bestiaux, de races montbéliarde, limousine, charollaise, salers, aubrac, voire vosgienne.
La gestion est tenue par une société d'économie mixte réunissant la Communauté d'agglomération, des négociants en bestiaux, la Chambre de commerce et d'industrie, la Chambre d'agriculture, des éleveurs et la Caisse d'Epargne.
Le coût total des acquisitions foncières et constructions est de 21,7 MF financé par une participation de la Communauté d'agglomération 2,14 - l'Etat 1,8 - la Région 2,5 - le Département 2,5 - des fonds européens 2,84 - un emprunt de la Communauté d'agglomération 10,25 sur 15 ans.
Le train abandonné
Un trésor entreposé depuis plusieurs années sur la voie ferrée vers le foirail.
Jo Marguin, ancien directeur du foirail, évoque cette desserte ferroviaire :
" A la construction du foirail, un embranchement ferroviaire était destiné à remplacer l’embarquement des bovins qui se réalisait en gare de Bourg dans de mauvaises conditions. La SNCF a réhabilité une partie de l’ancienne ligne " Bourg-en-Bresse Chalon-sur-Saône " par un prolongement de l’existant desservant les Câbles de Lyon. Le Syndicat intercommunal (SIEPR) qui a précédé la Communauté d'agglomération du bassin de Bourg a pris en charge la ligne longeant le foirail avec les quais d’embarquement.
De ce fait, la portion où est située cette " machine " est qualifiée de ligne " tiroir " dans le jargon SNCF, la ligne " foirail " devenant un embranchement principal ".
Embarquement des animaux
Ceux-ci étaient faits en gare jusqu’en septembre 1987 par les exportateurs (B. Millet, G. Niel, J. Niel, B. Bellon, Alfio Motta), il s’agissait principalement de bovins à destination de l’Italie du sud achetés sur les marchés de Bourg mais aussi de Sancoins (Cher), Saint-Christophe-en-Brionnais (Saône-et-Loire), etc..
Les wagons étaient dirigés vers la gare de Modane (Savoie) où était constitué un train spécifique appelé " Le Bov Italia " après ajout des wagons en provenance de Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire) et Lyon (Rhône) qui collectaient les animaux de l’ouest de la France. Ce train circulait sans arrêt jusqu’à Reggio de Calabre et Palerme (Italie).
A partir de septembre 1987, l’embarquement s’est réalisé au foirail, en principe le mercredi, mais sans les passages à niveau, les travaux de ceux-ci ayant été terminés en décembre. René Colignon, policier municipal, assurait les opérations de sécurité pour la traversée de la rocade, le soir avec les gyrophares sur les voitures.
" L’expédition d’animaux depuis le foirail a connu un certain développement, en lien avec celui du marché, et ce jusqu’en janvier 1997. Il y a eu jusqu’à 500 wagons certaines années. Cette activité s’est arrêtée pour plusieurs raisons :
- La baisse des achats de gros bovins par l’Italie du sud au profit de jeunes animaux destinés à la région nord où le transport en bétaillères était plus pratique (broutards donc moins lourds),
- La diminution des volumes a entraîné la suppression du train spécial, donc des trajets plus longs,
- La réglementation européenne sur les temps de transports était au détriment du train en raison des arrêts obligatoires ".
Les wagons et leur manipulation.
Le service " fret " de la SNCF assurait la desserte des wagons entre la gare et le foirail, en approvisionnant le site d’un nombre suffisant de wagons type G41 ou G11, tous de couleur jaune !
Ces manœuvres étaient effectuées avec un loco-tracteur (propriété de la SNCF) qui servait également à la manipulation des wagons de marchandises en gare.
" En 1988, la société de gestion du foirail s’est interrogée sur l’opportunité de s’équiper d’un loco-tracteur pour assurer la desserte et la manipulation des wagons, un peu à l’invitation de la SNCF. Ce projet a vite été abandonné car il aurait fallu une autorisation spéciale et une formation pour utiliser la ligne SNCF au-delà de l’embranchement foirail.
Lorsqu’il fallait déplacer des wagons, qui avaient bougé avec le vent !, nous utilisions le tracteur ou simplement à la main avec l’aide d’un ASPEC, sorte de barre à mine spéciale qui permet de décoller un wagon qui roule très bien une fois lancé…sur quelques mètres ".
Le champ de foire
An l'an 1251, époque médiévale du développement du commerce, la première charte de franchise des syres de Bâgé a marqué la première foire aux bestiaux à Bourg, à l'actuelle rue des Casernes (autrefois des Ursulines) ; elle évolue en 1636 au Champ de Mars. En 1873, le marché se déplace au Champ de Foire ; en 1928, sa surface s'agrandit de 7 à 11 ha, le marché sera dynamique jusqu'en 1975. Le transfert en septembre 1986, au site actuel de la Chambière à Saint-Denis-lès-Bourg, lui confère de nouvelles infrastructures devenant le premier marché de France aux bestiaux.
Mercredi 20 août 1986... dernier foirail sur le Champ-de-Foire de Bourg !
Article de Jean-Paul Thouny, René Colignon et Jean-Pierre Venet, Jo Marguin - En savoir plus sur le foirail