Le village s’animait vers 6 h 30 avec le passage du laitier et son camion-citerne. Il recueillait le lait de deux ou trois fermes du village.
Les fermiers arrivaient avec leur charrette où étaient accrochés des bidons de lait. Deux bidons prenaient place à l’épicerie-tabac du village, pour la vente de lait cru au détail. En effet, les villageois venaient, chaque matin, avec leur petite " berthe " acheter le lait, le journal, les cigarettes ou le tabac.
Dans la matinée, après la traite, un troupeau de vaches traversait le village pour se rendre au pré Janin (aujourd’hui le Clos Saint-Denis).
Évidemment, leur passage laissait quelques traces et quelques parfums plus ou moins agréables.
Il n’était pas rare, aussi, de croiser dans la matinée, une femme poussant un véhicule chargé de baquets ; cette mère de famille allait rincer le linge de la famille au lavoir en bas du bourg.
Plusieurs fois par semaine, le camion réfrigéré du boucher se garait sur la place et klaxonnait très fort pour signaler son arrivée.
Une fois par mois, le marchand de vin, avec sa grosse citerne, stationnait sur la place. Les gens de Saint-Denis et des environs venaient s’approvisionner avec tonneaux ou bonbonnes.
Moins régulièrement, le « patty » sillonnait le village en criant. Nous, les enfants, nous en avions très peur.
Le dimanche après la messe, ou les jours d’enterrement, le « bistrot » du village faisait le plein. Seuls les hommes buvaient à l’intérieur ou en terrasse (les femmes se rendaient à la boulangerie seulement ...).
Parfois un homme sans domicile (nous l’appelions un « trimard ») demandait le gîte pour une nuit. Le fermier du bourg lui permettait de dormir dans le foin de la grange en prenant soin de lui enlever cigarettes et allumettes. Souvent il lui offrait un bol de soupe. La fête communale ou vogue se déroulait sur la place. Un bal était monté devant le bistrot directement sur la rue, pour deux jours de fête.
Les cloches de l’église étaient un moyen d’information : l’angélus annonçait le début de la journée, le repas de midi et la fin de la journée de travail. Leurs différentes « mélodies » annonçaient des événements différents : décès d’un adulte, d’un enfant, le feu dans une ferme ... le bouche à oreille permettait ensuite de préciser l’information. Le jour de la Toussaint, les cloches sonnaient pendant une heure entière.
Toutes ces activités, que nous ne voyons plus aujourd'hui ont marqué les années 1950..1960 ..et plus du village de mon enfance, Saint-Denis-lès-Bourg.
Article de Nicole Buchaille