Dès 7 h, chaque matin, les quatre ou cinq fermiers du voisinage traversent la place du village poussant leur charrette ou remorque de bidons de lait pour arriver progressivement « à la pompe » (le puits commun du centre village) qui a l'air de les attendre en surveillant les passants.
On entend le tintement des cruches de lait déposées vaillamment. Elles patienteront jusqu'au passage du laitier qui vient de la campagne pour regagner, avec sa collecte du matin, la laiterie où le lait sera travaillé pour être vendu en lait cru, crème fraîche et fromages blancs.
Au passage devant l'épicerie-tabac de Mme Genton, M. Robin aura laissé une cruche pleine et les habitants du village viendront avec leur « berthe » à lait (pot en fer blanc de 1 à 2 litres) faire le plein quotidien.
Le laitier passé, chacun rentre à la maison préparer les vaches à rejoindre les prés pour la journée. Plusieurs troupeaux se succèdent alors et se dirigent vers les prés de Richagnon ou des Pilles.
Les ménagères venues des différents hameaux se succèdent à la boulangerie Louvet si elles ne sont pas livrées directement à domicile, à l'épicerie Dubois, au bureau de tabac Genton.
Le mardi et le jeudi, elles attendent le passage du boucher, M. Michon, qui organise son étal de viande dans un local situé en face du monument aux morts, à côté du coiffeur M. Brunet. Puis dès l'acquisition de son Estafette, il organise une tournée au village et dans la campagne.
Plusieurs hommes, derrière leur attelage tiré par un cheval ou parfois deux vaches, se dirigent vers leurs champs à labourer, semer ou faucher.
Le bistrot, lieu de rencontres
A leur retour en fin de matinée ou de journée, ils se retrouveront chez M. et Mme Louvet, dans la salle commune, autour des tables du bistrot qui entendront alors, entre deux jetées de belote, tous les potins de Saint-Denis. C'est souvent l'occasion de rencontrer certaines autorités comme le maire, son secrétaire de mairie, les adjoints, le curé, quelques autres notables qui se rassemblent, eux, autour de la table de la cuisine du café-bistrot-restaurant-boulangerie. On dit que, bien souvent, c'est ici que se sont faits ou défaits certains projets de la commune de Saint-Denis.
En été, la place du village s'anime à nouveau en début de soirée. En effet, une dizaine de foyers habite les trois bâtisses principales. Et c'est le moment où les enfants sortent à la fraîche pour taper dans un ballon au milieu de la place, faire la course autour des maisons ou flâner dans l'herbe des talus qui longent les habitations.
En 1989, en face de l'église, d'anciens locaux ont été démolis pour faire place à un ensemble immobilier accueillant des commerces et 26 logements locatifs " La croix d'if " en 1992.
En 2016, plus proche de la mairie, quatre bâtiments ont été détruits pour faire place à six maisonnettes accolées et ce afin de rappeler l'existant précédent du XXe siècle. La commune a compté dans ce secteur plusieurs commerces et artisans : un coiffeur, un boucher, un bar, un sabotier, une boulangerie et une épicerie.
La dernière commerçante, Mme Louvet a tenu un café boulangerie de 1939 à 1994. La fin de son activité coïncide avec l'ouverture du centre commercial en bordure de l'avenue de Trévoux.
Article d'Albert Dubois