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Aimé Genton (1903-1987) a été un artisan hors normes. Monteur en horlogerie monumentale, il a réparé plus de deux cents clochers de France. Il a résidé de 1929 à 1987 à Saint-Denis. Sapeur-pompier dans la commune de 1945 à 1951, chantre et aussi sacristain, Aimé Genton a été une figure marquante de Saint-Denis. Son logement était situé dans une annexe de la mairie, bâtiment communal érigé en 1855.

Né à Cormoz en 1903, fils de cultivateur qui était aussi " montri ", réparateur de montres, il se passionne tout jeune en mécanique d’horlogerie.

En 1924, au service militaire, pour éviter les corvées, il avait emporté ses outils et réparait les montres des officiers.

Au retour dans la vie civile, avant de se mettre à son compte, il est employé aux établissements Duboisset à Bourg comme mécanicien-chauffeur jusqu'au début de la guerre 1939-1945.

Horloge01Genton
Démobilisé, il revient à l'horlogerie. En 1949, sa vie professionnelle prend une nouvelle tournure quand la municipalité de Saint-Denis a voulu doter le clocher d'une horloge affichant l'heure aux quatre points cardinaux.



Horloge03GentonAimé Genton propose ses services, monte et règle le mécanisme fourni par la maison Paget de Morez (Jura).

L'inauguration se fera en présence de Ferdinand Chambard maire et de l'abbé Pierre Meunier.

Par sa qualité de travail, Aimé Genton est embauché par la maison Paget pour l'entretien des mécanismes des horloges monumentales partout en France.

Un tour de France des clochers

C’est un véritable tour de France des clochers qui s'ouvre pour cet artisan rompu à la tactique du tic-tac, dans une méthode de travail qui ne ressemblait pas à une course contre la montre.

02GentonII créait et façonnait des pièces devenues rares au fil du temps pour les intégrer aux mécanismes. Il a réparé quelques deux cents horloges dont celles de Cavaillon (Vaucluse), Lisieux (Calvados), Decazeville (Aveyron). Le beffroi de Béthune (Pas-de-Calais) le mobilisa sept ans. Ici, aucun mécanisme ne résistait. M. Genton y réfléchit : « Lorsqu’un seul cheval ne peut tirer une charrue, il faut atteler deux chevaux ». Il mit au point un système jumelé. A la mesure du temps, cet artisan était un personnage discret, opiniâtre faisant fonctionner sa matière grise pour résoudre les problèmes mécaniques, « les grains de sable qui grippaient les rouages », une preuve d'efficacité dans un travail chaque fois différent, depuis la charpente jusqu'à l'usinage d'une pièce de précision.

Ainsi, à Briqueville-sur-Mer (Manche), il installa un système d'étanchéité contre l’air marin. A Megève (Haute-Savoie), il a élaboré un double châssis spécial pour éviter l'intrusion de la neige. Dans les années soixante, il constate que le carillon de Notre-Dame de Bourg a des trous et installe trois marteaux au lieu d'un. Le rythme a été donc triplé, effaçant les trous. Cette opération de changement des commandes a nécessité 1 200 mètres de cordes et un axe arrière de poids lourd. Pendant quinze ans, Aimé Genton a entretenu toutes les horloges du chef-lieu.

A la fin de sa carrière où se sont mis en place les systèmes à commande électrique, Aimé Genton a accepté le progrès ; le mécanicien a su être aussi un bon électricien. Il aimait servir le client, offrir une prestation sans faille, était aussi philosophe pour accepter l’évolution technique et a possédé une montre à quartz qui faisait son admiration. En mai 1987, une radio locale voulait le recevoir, en vain, l’heure de son repos a retenti. 

 

AnecdoteGenton Tron Eglise



Aimé Genton a équipé à l'époque, le tronc de l'église d'un système antivol original... cherchez le et surtout : attention vos doigts !

 

 

Article de Jean-Paul Thouny.