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Si aujourd'hui, certains se marient au nom de la " tradition ", sachez que la respecter nécessite d'en connaître toutes les règles. Une vieille chanson intitulée en patois " Nouches brachondes " (noces bressanes)... il y a fort à parier que cette chanson se chantait aussi dans nos banquets.

1
Mes amis, puisqu'il faut chanter,
Du mariage, je vais vous parler,
Je vais vous raconter, comment
Se font les noces bien souvent,
A Viriat et puis aux environs


2
Comme il s'en trouve, les uns,
Se mariant sans le dire à personne,
De cette sorte de cochons,
N'en parlons pas dans notre chanson.
Je ne parlerai que des viveurs,
Qui n'oublient personne quand ils se marient

3
Le jour des accordailles fixé,
On commence par bien dîner ;
Puis, comme l'on ne voudrait pas
Se quitter sans tout arrêter,
C'est souvent tard dans la nuit,
Lorsque l'on s'en va, les accords finis

4
Dans la maison de la fiancée
Se fera sans doute le contrat ;
Aux fiançailles assisteront
Les plus proches parents des deux côtés
Le repas toujours bien servi
Montrera que l'on a des écus.

5
Pendant le temps des fiançailles,
les promis passent une belle vie.
Ils offrent des dragées partout,
Ne parlent que plaisirs, d'amour ;
On les régale avec des matefaims
Dans toutes les maisons où ils vont.

6
Le dimanche avant le grand jour,
Les parents des alentours,
Apportent de grands paniers
de beurre frais et puis des œufs ;
Elles commencent ce jour le train,
Pour annoncer le grand festin.

7
Le lendemain, il faut voir le jour
Si on le fait fumer tout le jour ;
Le soir, viennent collationner
les fameux porteurs de souper
qui endiablent toute la nuit
Pendant qu'on garnit leurs chapeaux.

8
De bonne heure, le matin, les garçons
Chez la fille, ils arriveront ;
frapperont du côté du matin
Il s'est toujours fait ainsi.
L'honneur de donner le premier coup
Est réservé au garçon d'honneur.

9
Chez la fiancée, en attendant,
De la nuit, ils ne dorment pas
Pour répondre à ces ébaudis
On ferme la porte, quand on les voit venir.
Dans la maison, il y a sûrement
Les meilleures langues du pays.

10
Quand des deux côtés, il y a ce qu'il faut,
Il faut les entendre blaguer,
Quand bien dehors, ils ont bonne langue
Savent trouver mille détours,
Il faut bien se faire ouvrir,
Réclamer ce qu'ils viennent chercher.

11
Les voilà dans la maison,
Mais on leur dit : Mes pauvres garçons
Si ce sont nos filles que vous voulez
Cherchez-les, nous n'empêcherons pas,
Mais vous n'aurez à déjeuner
que lorsque vous les aurez trouvées.

12
Voilà donc nos bons cadets,
Cherchant comme des chiens d'arrêt
Il vont mettant le nez partout :
Dans les poulaillers, dans les tects à porcs.
L'honneur de les mener déjeuner
est à celui qui pourra les trouver.

13
Au déjeuner, les porteurs de souper,
Montrent ce qu'ils ont apportés ;
Il y a dans ces provisions,
Du vin, de la tarte, du pognon
Pour attraper les plus pressés,
Il y a des choses q'on ne dit pas.

14
Le fameux déjeuner fini,
Vite on fait signe au ménétrier
D'aller donner une signolée
Pour celle qu doit se marier ;
La charge de mettre de l'entrain,
Au garçon d'honneur revient

15
Puis, quand vient l'heure de partir,
On va préparer les chevaux ;
D'autre fois, c'est bras dessus dessous
et deux à deux, que l'on va jusqu'au bourg
Celui qui balaye va le premier,
puis viennent ensuite les ménétriers.
16
A l'église, on suit les époux,
A la sacristie, quelquefois ;
Après cela, on s'en va tous 
A l'auberge se divertir
On fait fumer le vin chaud
Pendant que se prépare le dîner.

17
On arrête, presque toujours
La noce qui s'en va du bourg,
Un cordeau, barre le chemin,
Pendant qu'on leur offre du vin.
Puisque c'est un honneur d'être arrêté
Il faut savoir s'exécuter.

18
En arrivant à la maison,
On leur jette des petites graines ;
A la mariée, on offre du vin
Au marié de l'eau, un plein pot ;
On prend pour lui essuyer le nez,
Un torchon bien machuré

19
Puis, en entrant dans la maison,
Par terre, il y a un balai.
Si la mariée marche dessus
C'est un mauvais signe à tous les yeux,
Si elle a le soin de le relever
On flattera tous le marié.

20
Ne parlons guère du dîner,
On sait qu'il y beaucoup à manger,
Après les jeunes danseront,
Les vieux, boiront ou chanteront,
D'autres peut être courtiseront ;
Chacun peut rire à sa façon.

21
Pour les noces du dernier marié,
Le soir se fera sans manquer
A son honneur un feu de joie,
Ce sera la mariée qui l'allumera,
On va tous autour, s'il fait beau temps,
Danser, chanter un rigodon.

22
Le soir, si elle peut, la mariée,
S'en ira pour se reposer.
On va, le lendemain matin,
La chercher sur un char de foin,
Bien garni de planches partout,
Personne ne peut se faufiler dessous.

23
Une fois que l'épousée est dessus,
Qu'y sont montés ceux qui ont voulu,
Avec une corde, des bataillons
S'y attellent les bons lurons ;
Puis hardi à travers buissons,
On saute jusqu'aux baragnons.

24
Puis, quand le char est dans la cour,
Vite on éclaire les feux dessous.
Çà pour prévenir l'épousée,
Que dans la vie, il faut compter,
D'avoir peut être des ennuis
Le lendemain des grands plaisirs

25
Ce jour, les grands amusements,
Comme la veille ne s'arrêtent pas,
Mais le soir, la jeune mariée
S'en retournera préparer
Son paquet, pour le samedi,
Que son mari ira chercher.

26
La mariée, pour la première fois,
Ce samedi, couche avec son époux ;
Le lendemain du grand matin,
On leur porte la soupe en vin
Pour leur empêcher, devant le curé,
A la messe de fringaler.

27
Le dimanche du retour de la noce,
Que l'on fait pour ceux des environs,
Qu'aux noces ils étaient invités
Et n'avaient pu tous y aller ;
S'il se trouve quelque vieux garçon,
Il est sûr d'emporter le croûton.

28
Huit jours après, a lieu l'acarno,
Dans la famille de la mariée,
Cette fois, c’est la vrai fin.
Des amusements, du festin ;
On quitte les jeunes mariés
Leur souhaitant grande prospérité.

29
Amis, quand je me marierai,
A mes noces, je vous inviterai ;
Mais des accordailles à l'acarno,
Si ça doit durer sans discontinuer
Pendant presque deux mois entiers,
Attendez, je vais réfléchir.