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La vie du village était largement rythmée par le calendrier catholique.

Procession 002Chaque dimanche, on venait soit à la messe basse de sept heures trente, soit à la messe chantée de dix heures, annoncée à grandes volées de cloches.

À la sortie de la grand’messe, les hommes se retrouvaient par petits groupes au café. Les femmes rentraient à la maison avec les enfants, préparer le repas après quelques emplettes dans les épiceries et à la boulangerie. L’après-midi vers quatorze heures, on revenait au village pour participer aux vêpres chantées. Les cérémonies plus festives étaient l’occasion de rassembler en grand nombre enfants, jeunes et adultes, venant de tous les hameaux ou de la partie plus urbaine de la commune. Les célébrations étaient animées par les chantres, chœur d’une vingtaine d’hommes, ainsi que par des chanteuses, chœur de jeunes filles.

Sous les doigts habiles de Joseph Josserand ou Albert Écochard, l’harmonium soutenait la mélodie de ces chants religieux. Le réveillon du Nouvel An ne figurait pas dans les coutumes d’alors. Ainsi, à la messe du premier janvier, l’assistance était importante. Celle-ci connaissait presque par cœur le sermon du jour que le curé Meunier lui adressait, et qui se terminait immanquablement par « Bon an, mal an, Dieu soit séant » …

Puis arrivait la période du carême avec sa cérémonie d’ouverture « des Cendres ». Ensuite, chaque vendredi en soirée et jusqu’au Vendredi saint, on assistait au chemin de croix. La semaine de Pâques était marquée le jeudi après-midi par « la bénédiction des enfants » : les mères de famille habillaient les garçons de leur plus beau costume et les filles, de leur plus belle robe. Les familles au complet se rassemblaient ensuite à l’église, interprétant de nombreux chants joyeux accompagnés de l’harmonium. Au cours de la messe du samedi, était bénite l’eau utilisée pour se signer à l’entrée de l’église ainsi que pour les baptêmes et toutes les cérémonies de l’année. Puis le dimanche matin, les cloches sonnaient à la volée pour appeler à la grand’messe de Pâques.Procession 003

Une prière en mai pour les récoltes

L’un des premiers dimanches du mois de mai était consacré à la prière, pour la réussite des récoltes. Ce jour-là, les cultivateurs se rendaient à la messe, achetaient également « une petite croix » à l’épicerie Dubois, fabriquée avec des branches de houx dont l’écorce était retirée pour friser la seconde peau. Après la messe, chacun rejoignait sa ferme en passant par les champs pour y planter la croix bénie par le prêtre.

Les jours des Rogations, où l’on demandait la protection des céréales, concernaient les trois jours précédant le jeudi de l’Ascension. Dès six heures du matin, chacun de ces trois jours, le village voyait arriver des hommes et des femmes de différents hameaux et quartiers. En une longue procession, ceux-ci partaient vers l’une des quatre croix : aux Rippes, aux Essartis et le troisième jour, une année sur deux compte-tenu de leur éloignement, au Mont ou aux Côtes (rue Jean-Mermoz). Cinquante jours après Pâques arrivait la Pentecôte, fête solennelle dans la liturgie.

En juin, on célébrait la Fête-Dieu. Les enfants garçons avaient été préparés par l’un de leurs aînés à la procession. Devant le dais porté par quatre hommes et abritant le prêtre porteur du Saint Sacrement, les enfants de chœur habillés d’une aube blanche et d’un surplis rouge (ou d’une soutane rouge), un panier de pétales de fleurs accroché au cou, jetaient leurs fleurs en signe de dévotion.

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Ainsi arrivaient-ils devant le reposoir monté devant la cure et garni de fleurs. Le mois de juin était le temps des premières communions qui rassemblaient garçons et filles de douze ans. Ce dimanche-là, avait lieu une grande procession autour du village : en tête, les enfants de chœur suivis du curé, ensuite les filles en robe blanche ornée de dentelle, et les garçons dans leur plus beau costume, un brassard accroché au bras. Suivaient les chanteuses et les chantres, puis la foule avec les femmes et, en fermeture de procession, les hommes.

 

Trois jours de retraite pour les futurs communiants

Trois jours de retraite étaient ouverts aux enfants se préparant à leur communion solennelle. En revanche, libérer les enfants sur trois jours d’école ne recueillait pas un grand enthousiasme chez les instituteurs. Une solution simple apparut donc : la communion fut fixée le premier dimanche après Pâques, à la moitié des deux semaines de vacances, facilitant la disponibilité pour les trois jours de retraite.

Procession 004Au beau milieu de l’été, c’était la fête du 15 août : la dévotion à la Vierge Marie se traduisait par une messe ainsi qu’une nouvelle procession dans le village, jusqu’à la statue de la place. Le 1er novembre, jour de la Toussaint, après la grand’messe ou les vêpres, les familles entières se rendaient au cimetière. Comme chaque jour, matin, midi et soir, le marguillier sonnait l’angélus. Ce soir-là, une petite équipe l’accompagnait dans le clocher pour sonner le glas sur une heure trente. Le lendemain matin, il renouvelait sa tâche sur une heure, invitant la population à la mémoire des morts.

Quelques années après la fin de la Grande Guerre, fut instaurée la cérémonie religieuse du 11 Novembre, en mémoire de soldats morts sur le front. Enfin, l’année s’achevait avec Noël et sa messe de minuit.

Le 24 décembre au soir, de toute la commune, on arrivait souvent à pied, dans le froid, parfois dans la neige, pour chanter Minuit chrétien ou Il est né le Divin enfant. Au retour, tard dans la nuit, un bon chocolat chaud ou une tisane réchauffait les corps gelés… sans oublier que le lendemain, à dix heures, il fallait assister à la messe du jour et revenir à nouveau aux vêpres, l’après-midi.

Article d'Albert Dubois