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Le conseil de révision, tel que nous l'avons connu et subi dans les années 1950, n'existe plus.

Il a été supprimé au milieu des années 1960. Cette obligation qui était faite à tous les jeunes garçons à partir de 18 ans, était redoutée par nombre d'entre nous. Pour le canton de Bourg-en-Bresse, il se déroulait à la salle des fêtes, et ce n'était pas pour danser avec les filles.

Dans les galeries qui entourent la salle de danse, lieu de l'examen, nous étions dans l'obligation de nous déshabiller complètement ; " à poil et dans cette position, on ne sait toujours quoi faire de ses mains ". Et nous voilà partis pour la visite devant l'aréopage de personnalités, toutes alignées derrière une grande table.

bon pour le serviceIl y avait là, le médecin major, le conseiller général et les maires du canton, ainsi que des gendarmes qui attendaient le défilé de jeunots pas fiers du tout. Et débute le parcours du combattant, la toise, et il paraît que les très petits sont réformés, ensuite le poids, suivi de l'acuité visuelle.

Puis le test auditif, la longueur des jambes, des bras, les pieds, l'entrejambe. On continue avec la capacité pulmonaire, on tousse un bon coup tout en se faisant tripoter les bijoux de famille.

Restent quelques banalités et on nous libère enfin en nous déclarant bons pour le service.

Une mascarade arrosée


Ouf ! Nous pouvons reprendre possession de nos habits. Après ce grotesque épisode, nous nous sommes tous retrouvés dans un bistrot du coin pour arroser la fin de cette mascarade.

Auparavant, nous avions décidé de terminer cette journée par une petite virée dans le Beaujolais. Nous avions retenu quelques temps à l'avance un minibus auprès des transports Saillard, sis rue du 4 Septembre, et nous voilà partis pour le restaurant où nous avions réservé notre présence.

Comme à l'habitude, c'est un copieux repas généreusement arrosé pour nous remettre de nos émotions qui nous fut servi. Le fils Saillard, notre chauffeur, ne se faisait guère de souci, quant à savoir s'il allait pouvoir nous ramener au point de départ ; il avait une très bonne descente !

Le repas achevé, nous voilà partis pour la visite des caveaux pour déguster les différents crus qui s'offraient à nous.

A la fin de l'après-midi, l'équilibre devenait instable et il fallait penser à rentrer. Mais, après une telle journée, nous avions un peu de mal à nous séparer aussi brusquement ; et voilà qu'en traversant Neuville-les-Dames, un restaurant nous tendit les bras et nous a gentiment accueillis.

Malgré notre état un peu comateux, nous avons fait honneur au repas qui nous a été servi, arrosé comme il se doit. Enfin, retour à Bourg, bien chargés. Comment avons-nous pu avaler tout cela dans une journée ?

Heureusement, nous n'avions pas de voitures, que nos vélos, c'était mieux ainsi. Voilà un épisode de notre jeunesse que les jeunes de maintenant ne connaîtront pas. Il nous a laissé de bons souvenirs et il nous arrive de le relater encore, lors de nos réunions de conscrits.

Souvenir, souvenir, vous étiez nos vingt ans.

Article de Michel Venet